Titre : Loctudy –Toponymie générale

Version : V01

Création : 01/01/2015

Modification : 25/01/2015

Auteur : P. VANUXEEM

Copyright : © 2015


Loctudy – Toponymie générale


Les noms en loc, lok, loch, loc’h


La forme locvient du latin locus, lieu consacré, lieu, emplacement, place. Elle est habituellement suivie d’un nom de saint.


Il convient toutefois d’éviter les confusions avecloc’h, issu du vieux breton luch(prononcé louch), l’un et l’autre signifient : lac, étang, retenued’eau.


Nous savons que les appellations en locapparaissent au XIesiècle et qu'elles sont un dérivé du latin locus, lieu, avec le sens plus précis de lieu consacré.


Les établissement possédant un nom en locsont postérieurs à ceux en plou 1.


Le mot loc, est un emprunt au latin locuset désigne un monastère, un prieuré, plus souvent une simple chapelle, mais toujours un lieu de culte ; il est dans tous les exemples connus, suivi d’un nom de saint. L’emploi de ce terme pour constituer des noms de lieu est spécial au breton armoricain ; il signifie "lieu consacré".


P. Flatrès propose une synthèse intéressante des noms en Loc/Lok :

"Contrairementau pays de Galles, où la tradition de la forme Lana continuéauMoyen-Age, en Bretagnela façon d’appeler les églises par Lana été remplacée parcelle denomsen Loc(probablementà partir du latinlocus la place de ...).Il a été ditque les nomsen Locsont inconnusen Grande-Bretagne. Un article récentacependant montréque certains peuventégalement s’y produire (y compris des noms avecLoccomme suffixe : Wentlock). En Bretagne, commeLargillièrea montré, les noms en Locsemblent êtredu début du Moyen Age. Certainssont suivispar une dédicace britannique (Loctudy, du saint de la Cornouaillesanglaise saintTudy) 2, certains par une dédicace irlandaise(Loperhet, deBehret, Bridget ; Locronan, de Saint-Ronan. Curieusementaucun n’estdédié àsaint Patrick), mais la plupartd'entre euxcomprendles nomsde : Christ(Lochrist), Marie(Locmaria), Michael(Lomikel; en français: Saint-Michel en Grève), ou Jean/Yann(Locjean/Lokyann), qui sontprobablement des dédicaces plus tardives que les dédicaces celtiques(probablement du IXeau XIesiècle, comme lesdédicacesau Christen Irlande), Lanet Locsont les deuxprincipaux préfixes de nom d’église en Bretagne. Lesautres sont soitexceptionnel ouplus récente".


Un loc’hest une retenue d’eau saumâtre enserrée par un cordon de galets.

Si l’on considère la configuration de la baie de Loctudy et de l’Ile Tudy ; l’île étant une langue dunaire enserrant la baie, on pourrait considérer qu’il s’agissait autrefois d’un loc’h. Mais la forme locde Loctudy ne semble pas provenir de loc’h.


Il existe en Bretagne de nombreux termes en locde même facture, tel Loc-Amand en Fouesnant, Loc-Maria de Quimper.


A. Longnon, dans son ouvrage « Les noms de lieu de la France », à propos du terme Lok, indique :

"On peut être de prime abord porté à rattacher au mot loch, qui appartient au breton armoricain et au gallois, avec le sens de « cabane » ou de « loge » le membre initial – lokou lo− d'assez nombreux noms de lieu de la Bretagne armoricaine – le pays de Galles ne possède pas de noms analogues – et, comme ce mot loky précède généralement un nom de saint breton, on a pu croire qu'il servait à désigner les retraites que de pieux ermites ou autres saints personnages s'étaient choisies dans des localités éloignées des centres habités. Mais le nom assez répandu de Locmaria (C.-du-N., F., M.), désignant des localités possédant un sanctuaire dédiée à la Vierge Marie, ne se prête pas à cette explication : on songe alors à reconnaître dans lokle mot latin locus, passé dans la langue bretonne avec le sens restreint de « lieu saint » , de « lieu consacré » ; conjecture à laquelle est loin de s'opposer le nom Locminé (M.), dont la forme primitive, Loch-Menechen 1108, présente comme déterminatif le breton menech, forme plurielle de manach, « moine » ; en effet, ce vocable, qu'on rend assez exactement dans les chartes du moyen âge par Locus monachorum, est dû à un monastère qui remonte, paraît-il, au VIIIesiècle.

La consonne finale de lokpersiste dans Loc-Brévalaire (F.), Loc-Éguiner (F.), Locmalo (M.), Locronan (F.), Loctudy (F.), noms désignant des paroisses qui ont ou qui avaient à l'origine pour patrons saint Brandwalader, abbé, saint Éguiner, martyr, saint Malo, évêque, saint Renan, ermite, et saint Tudy, abbé.

Cette finale se confond presque complètement parfois avec l'initiale du nom du saint patron, quand cette initiale est un /g/ : Locoal (M.), Locus Guduali ; - Locqueltas (M.), dont l'église est dédiée au fameux saint Gildas, Gueltasen breton armoricain ; - Locquirec (F.) , qui a pour patron saint Guérec, Warochus ; - Locquénolé (F.) et Locunolé (F.), dont l'éponyme est saint Guénolé, Winwaloeus, premier abbé de Landévennec.

L'assourdissement total du /k/ de lok se constate dans les noms Loperhet (F., M.), Lohuec (C.-du-N.), Loperec (F.) et Lothey (F.), dus au culte de sainte Brigitte, en breton Berhet, de saint Josse, Judocus, de saint Perec, Petrocus, de saint Thei, Taicus.,

Enfin, lok, assourdi en lo, s'écrit lau3dans Laurenan (C.-du-N.), nom d'une paroisse de langue française dont le patron primitif était saint Renan, remplacé aujourd'hui par l'évêque d'Angers, saint René."


La signification des noms en loc est issue des mots lochou log, voulant dire hutte ou cabane, ceux-ci désigne des lieux saints. Ainsi Locronan signifie le lieu de Ronan, Locmaria, le lieu de Marie.

H. Bourde de la Rogerie indique que le préfixe loc(locus) est ordinairement synonyme de sanctuaire.


Le toponyme breton loc provient du celtique loc:

"Lyon : nous découvrons que cette ville, située, pour l'avantage de son commerce, au confluent du Rhône et de la Saône, ne fut pas bâtie dans l'origine sur une hauteur, comme on l'a avancé par erreur; mais dans un lieu bas, enfoncé. Sa dénomination, celle de Lugdunum, se rapporte évidemment au celto-breton loc-don(2), en latin locus profondus. Du celtique loc-don, sive loc-doun, les Latins ont fait par imitation Lug - dunum ; les Grecs, loug- donesia, loug-dounaet loug dounon. (Vid. Steph. et Ptolém. ) II paraît difficile que l'interprétation du mot Lug-dunum, telle qu'on la donne ici, puisse être combattue par aucune solide objection.

(1) Ce nom est commun à plusieurs villes des Gaules et de l'Allemagne. Leyde, est nommée Lugdunum-Bata-vorum ; Saint-Bertrand, dans le Comminges, Lugdunum-Convenarum ; Glogace , en Silésie , Lugdunum, etc.

(2) Les mots locet loc'h, sont encore les termes dont les Bretons se servent pour dire un lieu, une place, une demeure. De-là le latin locus; le franc, logis, loge, etc.
Nous disons en breton
, loc Tudi, le lieu habité par Saint Tudi ; loc Renan, la cellule ou l'habitation de S. René; loc Mari, et loc Maria, le lieu consacré à Marie, le lieu où Marie est vénérée ; locus Maria."


J. Loth indique :

"Loc (7) cellule, monastère, lieu consacré : Loc Iunguoret ; C. L., 19 – Locus sancti Wingualoei, C. L., 19 (Cf Locunolé, Finistère).

[Note] (7) : Monach-logeu[la cellule du moine] monastères (Iolo Manuscripts, p. 114)."


Loctudy - Loktudi


Le termeloctudy, loktudien breton, est issu du latin locus-tudy, lieu de Tudy.


L’orthographe de Loctudy est Loc-Tudy et quelquefois Loch-Tudy.


On rencontre dans les manuscrits pour Loctudy les appellations suivantes :

1084-1112 Abbas Tudi,

1162 abbas Sancti Tudi,

1224 ecclesia S. Tudii,

1330 Locus Sancti Tudini,

1368 Sanctus Tudi, Sanctus Tudinus,

1405 Locus Tudini,

1574 Loctudy,

breton Loktudi


On peut toutefois se poser la question : pourquoi loktudine s’est pas nommé lanntudi, lantudi, du fait de l’existence (non attestée) d’un établissement monastique ancien du VIe-VIIesiècle 4 ? La réponse usuelle est que Loctudi, forme en loc, ne date que du XIesiècle.


On peut toutefois se poser la question : pourquoi loktudine s’est pas nommé plotudi, de la même manière que plonivel, du fait de l’existence d’un ermitage fondé par saint Tudi à l’Ile-Tudi (Enez-Tudi) au VIesiècle, et de l’existence (non attestée) d’un établissement monastique ancien du VIe-VIIesiècle ? La réponse usuelle est que Loctudi, forme en loc, ne date que du XIesiècle, et que la paroisse primitive Plonivel intégrait au VIesiècle le territoire de Loctudi.


Loctudy et Plonivel


Il est important de rappeler que la paroisse de Loctudy est a priori issue de la paroisse primitive de Plonivel, située à Lesconil, dont elle absorba ensuite la majeure partie (dont Larvor, Le Parc Plonivel).


Le premier élément composant le nom Plonivel, est Ploalias Plou, base de l'organisation territoriale en Bretagne autrefois. C'est donc un établissement primitif du IVeou Vesiècle créé lors de l'émigration des britons en Armorique, que l'on peut qualifier "d'établissement de ria" 5. A noter la proximité de Plobannalec, un autre Plo, plus à l'intérieur des terres.


Mais que dire de Nivel, ou Nivael, un terme ou un saint qui semble être difficilement identifiable ?


Lesinformations toponymiques nous renseignent sur l'équivalence possible entre Nivael et Brieuc, alias Brimael.

D'après Ofis, "Les formes anciennes de Plonivel sont les suivantes :

1330 : Ploenivael

1338 : Ploerivael

1338 : Ploerimael

1395 : Ploerimael

1482 : Ploerivel

1529 : paroisse de Plonivel

1536 : Ploenyvel

1703 : Plounivel

1815 : Plonivel

1832 : Plonivel


Plonivel, paroisse à part entière avant la Révolution, n'est plus aujourd'hui qu'un village de Plobannalec. Le premier élément composant son nom est Ploueégalement, base de l'organisation territoriale en Bretagne autrefois (pour plus de détails voir Pornaleg). Le déterminant noté -nivaelen 1330 a évolué en Ploerivaelen 1482, puis le "r" nasalisé s'est changé en "n" donnant la forme actuelle : Plonivel. Les prononciations collectées lors de notre enquête de terrain sont pour la plupart /pornibel/. Celles-ci ne sont pas surprenantes : par un phénomène de métathèse (inversion de lettres dans un mot ou une syllabe d'un mot) Plo- passe à Pol et enfin le "l" devient "r" par dissimilation. D'aucuns ont avancé que le nom noté Rimaelen 1338, et qui n'est pas attesté comme hagyonyme, était celui du fondateur de cette paroisse. B. Tanguy (Dictionnaire des Noms de Communes du Finistère) nous apporte un tout autre éclaircissement sur ce nom : "On ne s'est pas interrogé sur la présence, assez surprenante en cette région, de Saint Brieuc comme patron de la paroisse. Or, ce nom, en vieux breton Brioc(de Brigacos) est une forme hypocoristique forgée sur le premier élément d'une forme pleine Briomaglos. Celle-ci, indiquée par la Vie latine du saint écrite au XIesiècle, et qui explique le nom de la paroisse de St-Briavel's dans le comté de Gloucestershire, aurait donné en breton Brimael, puis Brivel. C'est ce nom qui est à l'origine de Plonivel. Précédée du breton Ploe, la forme Brimaela subi une mutation initiale de "b" et "v", et le nom devenu Ploevrimaels'est trouvé réduit ensuite à Ploerimael. L'éponyme de Plonivel et son saint patron sont donc un seul et même personnage.


La chapelle de Plonivel, appelée en breton Chapel Sant Brieg, a pour patron saint Brieuc.

Le nom même de Loctudy indique un monastère postérieur aux invasions normandes. Il fut établi dans la paroisse primitive de Plonivel, dont il absorba la majeure partie et dont le reste fut réuni à Plobannalec lors du Concordat.


Dans son article sur Plonivel, J.-L Le Floc’h, « Les luttes d'une paroisse pour conserver son identité : Plonivel », présente "l’histoire de la suppression de la paroisse de Plonivel en 1790 au profit de Plobannalec et Loctudy.


Loctudy et Saint-Gildas-de-Rhuys


Il est important de constater l’existence d’un monastère ancien dédié à saint Gildas (Gueltas) sur l’Ile Chevalier (alias Saint Marc) proche de Loctudy. Selon toute vraisemblance, Loctudy, l’Ile Chevalier et les Iles Glénan appartenaient à l’abbaye St Gildas de Rhuys.


Loctudy était en effet une trève de Saint-Gildas-de-Rhuys ; l’église Saint-Tudy était un prieuré de l’abbaye Saint-Gildas-de-Rhuys.


Concernant l’ancienne appartenance de Loctudy à l’abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys, on peut dire que le lieu Loctudy était consacré à saint Tudi, car dans le cas contraire les moines de Saint-Gildas 6, auraient nommé le lieu Lokeltas (Lok-Gueltas=Lok-Gildas) du nom de saint Gildas,au lieu deLoktudi (Lok-Tudi) du nom de saint Tudi, comme beaucoup d'autres prieurés rattachés à leur monastère.


Dés lors, une question s’impose : quelle était la relation exacte entre Saint-Gildas-de-Rhuys, Loctudy et Plonivel ?


Lotudy, Lotudi


A propos du terme Lotudyou Lotudi(sans c ou k), terme breton plutôt que francisé (?), il semble que ce terme soit relativement tardif (XVIIIesiècle) et que le terme Loait remplacé le terme Saint, Sant(en latin) ou Santez (en breton).


L’assourdissement total du /k/ de lokse constate dans les noms Loperhet (F., M.), Lohuec (C.-du-N.), Loperec (F.) et Lothey (F.), dus au culte de sainte Brigitte, en breton Berhet, de saint Josse, Judocus, de saint Perec, Petrocus, de saint Thei, Taicus.


Enfin lok, assourdi en lo, s’écrit laudans Laurenan (C.-du-N.), nom d’une paroisse de langue française dont le patron primitif était saint Renan, remplacé aujourd’hui par l’évêque d’Angers, saint René.


Selon Terrieux, le terme Lotudi est indiqué comme étant le terme breton du terme français Loctudy. Cette assertion ne semble pas correcte puisque le terme breton est Loktudi.


Pour Lodonnec, la forme loprovient plutôt d’une transformation phonétique du préfixe laumais le préfixe initial est lan.


On trouve sur les anciennes cartes : Le Tudy, La Tudy, une francisation dérivant de Lotudyou Lo Tudy.


D’autres Lotudyexistent en Bretagne : l’ancien Lotudy, maintenant Loctudy, de l’Ile de Groix et de Belle-Ile ! On sait que sur l’Ile de Groix, St-Tudya été remplacé par Lotudyau XVIIIesiècle, puis par Loctudy.

Loctudy, près de Pont l’Abbé, en Cornouaille armoricaine, se nommait-il antérieurement Saint-Tudy comme son homologue Saint-Tudy en Cornouailles anglaise (Cornwall) ?


On peut en effet supposer que la même transformation a eut lieu pour le Lotudy près de Pont L’Abbé que pour le Lotudy de l’Ile de Groix :

Sur l’Ile de Groix, les fonctions rectorales doivent subir vers 1726, certaines modifications. Le 16 avril 1726, l'ancienne expression St-Tudy est brusquement remplacée par Lotudy et bientôt Loctudy. Sur les registres, dans les actes, il n'est plus question désormais, que du recteur de la paroisse ou du bourg de Loctudy. Quelques mois après cette transformation de nom, le recteur fait les inhumations dans le cimetière de Loctudy et non plus dans le porchet de l'église. Il n'y a là qu'un changement de mot parce qu'en réalité, on enterrera dans l'enceinte de l'église, qualifié du titre de cimetière, jusqu'à l'épouvantable épidémie de 1777.


L’évolution 7actualisée des formes de Loctudy est :

Abbaye (Saint) Tudy – Eglise Saint Tudy, Lieu Saint Tudy – Saint Tudy – Lieu Tudy – Loctudy - Lotudy – Loctudy

Une incertitude réside sur la forme précoce Loctudy rencontrée en 1574, forme Loctudy qui ré-apparaît après la forme Lotudy au XVIIIesiècle.


D’autres hypothèses peuvent être mentionnées concernant le préfixe Lo. Ce terme dérive-t-il de Plouou Plocomme pour Plonivel, un [p]lo-tudy ? Ce terme dérive-t-il de Bo(issu de Bro, transformé en Lo), comme pour Bo-tual. Il semble que non mais la question peut être posée.


L’évolution Saint-Tudy, Lotudy, Loctudy induit une conséquence importante. Il n’y a en effet pas de Loctudy (Locus Sancti Tudini, Locus Tudini) avant le XIVesiècle. Doit-on remettre en question la terminologie lokusuellement admise qui implique un établissement relativement récent du XIIesiècle ? La toponymie Saint-Tudy, au lieu de Loctudy, pourrait en effet impliquer un établissement plus précoce du Ve-VIesiècle.


Même la phonétique s’en mêle !

Loctudy qui comme chacun sait donne Loktudien breton, alors qu'on entend toujours Latudi8comme c'était orthographié sur les cartes de l'époque de Louis XIV.


Concernant Lotudy près de Pont l’Abbé, plusieurs sources indiquent le terme lotudy:

- Traduction tardive de l’Acte de Avril 1220, Pièce 32 :

"Quedam lictere inter episcopum et abbatem de Revis et conventum"

traduit plus tardivement par :

"Accord que l'abbé et convent de saint Guedas de Ruis auront une des prébendes de Lotudy, l'Evesque de Cornouaille disposition des deux autres."

- Traduction tardive de l’Acte de 1224, Pièce 38 :

"Littere domini episcopi et Hervei de Ponte super ecclesia Sancti Tudii - 1224"

traduit plus tardivement par :

"Concordat entre les seigneurs Evesque de Cornouaille et du Pont, touchant Lotudy"

- "jour 20ede mars 1730" : "paroisse de Lot-tudy et église principalle d'icelle" et "dans l'église paroissiale du dit Lotudy"


Concernant Lotudy à Belle-Ile, sur une carte de l'Isle de Belle-Isle, publication de 1761 : au dessus/nord de Le Palais se trouve le village de Lotudy.

Il existe en Bretagne de nombreux termes en lode même facture, tel :

Lodonnec en Loctudy, Lotivy en Quiberon, Loperec, Lothéa, Lopriac.


La forme looexiste aussi et peut être rapprochée de la forme lo.


Louuidu


On rencontre dans les cartes de Bretagne (Jansson 1640, Blaeu 1640), la présence d'un village nommé Louuidu ou Lonuidu(?) vers l'emplacement de Loctudy.


La forme Louuidu, sujet à caution, à la place des formes attendues Loctudy, Loktudi, Lotudi, est cependant à étudier. Est-ce tout simplement une erreur d’écriture ? Est-ce une forme plus ancienne du nom de Loctudy ?


Cette forme Louuidu, à décomposer en lo uui du, est à comparer avec la forme Locus Sancti Uuingualloei, une forme ancienne de Winwaloei, alias Gwennolé alias Guénolé. La forme uuinalias winserait donc la forme gwen. Dans ce cas, comme hypothèse de travail, on pourrait lire lo uuin du, qui serait un lowindu, logwindu, logwenduou logwendi.


Une enclave de Loctudy à Plomeur 


La paroisse de Loctudy avait, avant le Révolution, une enclave en la paroisse de Plomeur : les quartiers de Langeriguenn, Langougou et la chapelle des saints Côme et Damien.


Sous le mot Langeriguennon trouve saint Sericine, cité dans les anciennes litanies, et qui serait l’ermitage de saint Geriguenn, du VIeou du VIIesiècle, puisqu’il s’agit d’un lann. Et s’il était rattaché à Loctudy, c’est sans doute parce que le monastère de Loctudy était plus important.


Treoultre en Penmarch : une trève de l’abbaye de Loctudy


Treoultre en Penmarch était une trève de l’abbaye de Loctudy.


Le nom de Penmarc’h ou Penmarch s’est substitué à partir du XVIIIe siècle à celui de Tréoultré. Tréoultré était une possession de l’abbaye de Loctudy. La commune de Penmarch comprend aujourd’hui les trois paroisses de Penmarc’h (ex. Tréoultré), Kérity et Saint-Guénolé. On y comptabilise quatre agglomérations : Kérity, Saint-Pierre, Saint-Guénolé et le bourg. La paroisse de Penmarc'h est une des plus anciennes de l'évêché de Cornouaille. Au XIVème siècle, au Cartulaire de Quimper, elle porte le nom de "Tuorte-n-Abad". Au XVIIème siècle, elle se nomme tantôt "Trèoultrè" tout court, tantôt "Trèoultrè-Penmarc'h", ou, tout simplement, "Penmarc'h". Enfin, en 1740, le nom de Trèoultrè disparaît et la paroisse prend définitivement le nom de Penmarc'h. On rencontre les appellations suivantes : Trebotref (vers 1330), Tuortre Nabat (en 1349), Treffuortre (en 1368), Trouortreffnabat (en 1389), Treuoltré (en 1420), Treoultrenabat (en 1443), parroesse de Treoultre, terrouer de Penmarc (en 1592), Treoueltre (en 1675). 


La micro-toponymie de Loctudy


Un travail, initié par Jacques Mariel, sur la micro-toponymie (lieu-dit, noms des champs, noms des parcelles, etc) de Loctudy, reste à réaliser.


Bibliographie


- BOURDE DE LA ROGERIE, H., Le Prieuré de Saint-Tutuarnou de l’Ile Tristan, Extrait du Bulletin de la SAF, Quimper, 1905.

- CAP CAVAL, n° 13, 14, 15, 16, 17, 19, 21.

- COMMUNE DE LOCTUDY- ETUDE NORMATIVE DES TOPONYMES, KUMUN LOKTUDI - STUDIADENN SKOUERIEKAAT, AL LEC'HANVIOÙ, 2009

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- DESHAYS, Albert, Villages et lieux-dits en Loctudy, Plobannalec et Pont-L’Abbé, Etude Toponymique, Imp. Du Commerce, Quimper, 1985.

- DOBLE, G.H.; M.L. KERBIRIOU, Les Saints bretons, Préface de Dom Gougaud, Imprimerie Nouvelle L. Le Grand, Brest, 1933.

- FALC’HUN, François, Les Noms de Lieux Celtiques, première série vallées et plaines, Slatkine, 1982.

- FLATRES, Pierre, « Breton Settlement Names : A Geographical View », Reprinted from WORD, Volume 28, nos. 1-2, April-August 1972.

- JOB AN IRIEN, Abbé, Texte de la Conférence donnée le 25 janvier 2003 dans la salle du L.A.C à Loctudy, 2003.

- LA TOUR-D’AUVERGNE-CORRET, Origines Gauloises, celles des plus anciens peuples de l’Europe, puisées dans leur vraie source, ou, Recherches sur la Langue, l’Origine et les Antiquités des Celto-Bretons de l’Armorique, Pour servir à l’Histoire ancienne et moderne de ce Peuple, et à celle des Français, Troisième Edition, Hambourg, Imp. Lib. P.F. Fauche, Paris, 1801.

- LE FLOC'H, J.-L,Revue Les Cahiers de l'Iroise - Riante Cornouaille, « Les luttes d'une paroisse pour conserver son identité : Plonivel », vol. 34, no3,  Société d'études de Brest et du Léon, Brest, 1987.

- LE NAOUR, Sylvie, L’Eglise Saint-Tudy à Loctudy, Université de Haute Bretagne, Rennes 2, UFR des Arts, Mémoire de Maîtrise, 1998.

- LOTH, J. Les noms des saints bretons, Lib ./Ed H. Champion, Paris, 1910.

- LOTH, J., Chrestomathie Bretonne (Armoricain, Gallois, Cornique), Première Partie, Breton-Armoricain, p. 145, Lib. Ed. Emile Bouillon, Paris, 1890.

- LONGNON, Auguste, Les noms de lieu de la France, origine, signification, transformations, 3 fascicules, N°1320-1321, Editeur: librairie ancienne Honoré Champion, 1920 à 1923.

- MAITRE, Léon ; DE BERTHOU, Paul,

Cartulaire de l’Abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, Deuxième Edition, Rennes, Ed. Plihon et Hommay ; Paris, Ed. H. Champion, Bibliothèque Bretonne Armoricaine, Fascicule IV, Imp. Oberthur, Rennes, 1902.

- MARIEL, Jacques, Toponymie nautique, Du Dourdy à La Perdrix.

- MARIEL, Jacques, Toponymie nautique, De Landudec à la plage des « Sables Blancs », en Loctudy, Troisième partie : Les îles.

- PEYRON, Abbé/Chanoine, Cartulaire de l'Eglise de Quimper, Quimper, 1909.

- PLONEIS, Jean-Marie, La Toponymie Celtique, L'origine des Noms de Lieux en Bretagne, La Flore et la Faune, Éditions du Félin, 1993.

- PUIG de RITALONGI, « Procès verbal des réparations à faire aux choeur et cancel de l'église de Loctudy, du 2 août 1779 et jours suivants », Descente Eglise Loctudy.

- QUENTEL, P., « Les noms en Lok et le culte de St Michel en Bretagne », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, 1971.

- TANGUY, Bernard, Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses du Finistère, p. 122, Chasse-marée-Armen, Douarnenez, 1990.

- Bulletin Diocésain d'Hist. et d'Arch., Diocèse de Quimper et de Léon, 39e Année, Janvier-Avril, N° 1, Imp. Cornouaillaise, Quimper, 1940.

- Bulletin Soc. Arch. Du Finistère, Tome CXXXIII, Année 2004.


1 En Bretagne, la mise en place définitive des "plou" s'achève dans la seconde moitié du VIe siècle.

2 Cette hypothèse, a priori fausse, mais intéressante, fait de Saint Tudy un saint britannique (British dedication), et non pas gallois ou breton, issu de la paroisse/village de Saint-Tudy en Cornouailles anglaise (Cornwall).

3 Vanuxeem : lau comme dans laudonnec en loctudy, écriture rencontrée pour lodonnec.

4 Vanuxeem : établissement monastique, en vieux-breton lann

5 Vanuxeem : Ria du Steir de Lesconil

6 Vanuxeem : L’abbaye-monastère-prieuré de Loctudy appartenait initialement au monastère de Saint Gildas de Rhuys.

7 Voir les différentes appellations de Loctudy dans le temps rencontrées dans les manuscrits.

8 Il semble que le o est "ouvert" jusqu'a entendre "a" ou "oa" dans certains coin du pays bigouden. D’autres indique que c'est 'or' qui donne la prononciation 'war', pas o tout seul.